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Nous entrons dans la nouvelle phase avec une plus grande vigilance, profitant de l'expérience et des possibilités pour la contre-attaque idéologique et politique et le regroupement des forces populaires autour du Parti
La situation créée en raison de la pandémie de coronavirus a imposé l’adaptation nécessaire immédiate du fonctionnement et de l'action de l'ensemble du Parti et de la KNE; l’adaptation à l'objectif de notre slogan central dès le premier instant: "Nous restons forts, nous ne restons pas silencieux". C'était notre réponse à la propagande inadéquate du gouvernement «On reste chez nous».
Nous l'avons fait collectivement, en cherchant à être dans la première ligne de la lutte contre les effets de la pandémie dans le domaine de la Santé, du travail, sur toutes les conditions de vie et de survie, en contribuant à la mise en œuvre des tâches essentielles et critiques, intégrées dans la mise en œuvre de la stratégie du Parti.
Il a été possible pour les organes de rester organisés dans leur ensemble, en fonctionnant, en cas de besoin, avec des suppléants; le canal de guidage a pu être conservée jusqu’aux Organisations de base, afin que les directions du Comité central parviennent aux membres du Parti et de la KNE pour qu’ils soient au courant de ce que nous disons et de ce que nous faisons, en tant que Parti, à tous les stades de développement, pour le rassemblement autour des positions du Parti, pour que le moral et le militantisme au sein de nos forces soient aussi haut que possible.
Cela a été réalisé dans une large mesure. Il y avait certainement de grandes disparités concernant le niveau d'efficacité et d’engagement, variant d'une Organisation de parti à l'autre.
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L'attitude et l'action des organes directeurs, des Organisations, des cadres, dans les conditions définitivement particulières qui ont été créées, ont été un test sérieux et constituent dans une large mesure un critère pour les courbes de la lutte des classes.
D’autant plus que nous avons dû faire face à des difficultés dans l'action de masse libre du Parti, en raison des restrictions, des interdictions imposées par le gouvernement et l'État, ce qui crée objectivement une autre psychologie, et même des préoccupations chez des forces populaires plus larges, qui sont exposées plus qu’auparavant à la propagande de la classe dirigeante, parallèlement à un climat de peur, face au danger existant de propagation de la maladie.
Cette situation nécessitait des ajustements dans l'action et en même temps une grande vigilance, qui ne laisserait pas de place à des provocations éventuelles de l'adversaire de classe et de ses mécanismes.
Dans l'ensemble, avec les difficultés et les lacunes connues, les faiblesses qui ont été exprimées, la principale chose qui, selon nous, devrait nous concerner, être correctement évaluée et bien remédiée, est que, en fin de compte, nous atteignons une très petite partie de la classe ouvrière, du peuple, par rapport aux besoins mêmes des secteurs, du peuple et à l’étendue de grands centres urbains. Là où nous avions des forces organisées, la situation était meilleure.
Cette période a montré plus clairement nos grandes lacunes, telles que la question d’avoir des forces du parti organisées aux points critiques, aux moments critiques, comme dans les grands lieux de travail, dans le secteur des médicaments, le secteur alimentaire, dans les supermarchés, les messageries, etc.
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Au fil des jours, la discussion et l'intérêt parmi le peuple pour les développements sont plus élevés. L’inquiétude quant aux développements concernant sa vie dans son ensemble croît, parallèlement à la peur de la maladie. La peur est désormais divisée entre le coronavirus et une nouvelle crise qui aggravera globalement sa vie.
Des possibilités sont créées pour que le Parti passe à la contre-attaque idéologique et politique, pour qu’il renforce le prestige et l'éventail des forces qui se regroupent au sein du mouvement, également autour du KKE. En même temps, des perceptions et des croyances conservatrices, réactionnaires et métaphysiques, des théories de conspiration et plus encore coexistent parmi des couches populaires pauvres, paralysant l'action et la réalisation de la véritable issue.
Nous ne sous-estimons pas le fait que dans ces circonstances, des perceptions fausses sur le "fascisme mondialisé", "l'état de siège mondial" réapparaissent et s'intensifient, contribuant actuellement avant tout à couvrir le rôle du capitalisme à son stade impérialiste et à identifier comme problème seulement la forme de l'exercice de la dictature du capital, des monopoles, tout en modifiant en même temps la stratégie révolutionnaire du mouvement communiste.
De ce point de vue, il est primordial et urgent de mener la bataille plus décisivement pour la promotion de l’issue stratégique du Parti communiste, qui ne change pas, quelle que soit la version de la création du virus et de la propagation de la pandémie, quels que soient les intérêts concurrents. Précisément parce que le capitalisme est le virus incurable et que le socialisme est la seule solution opportune et réaliste à toute cette barbarie.
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Les développements entraînent sans aucun doute des exigences accrues pour notre travail de direction, pour l'action de l'ensemble du Parti et de la KNE.
Il est important de comprendre que nous sommes déjà entrés dans une nouvelle phase, que nous sommes dans une crise économique capitaliste. La pandémie a joué un rôle de catalyseur, rapprochant, accélérant la crise économique, qui sera probablement plus profonde et avec de nombreux impondérables. Même sa durée peut être plus longue, bien que le gouvernement de la ND essaie de stimuler le climat, en promouvant des taux de croissance plus optimistes et plus rapides pour l'année prochaine. Cependant, la Commission européenne, d'autres notations internationales considèrent qu’il sera plus difficile à gérer la crise, à un moment où toutes les concurrences et les contradictions s'intensifient au niveau international et même en Europe, alors que leurs plans comprennent une variété de mesures antipopulaires économiques, politiques, militaires et répressives.
Cette nouvelle phase, avec ses caractéristiques particulières, nous impose à ajuster de manière très spéciale notre intervention et notre activité politiques, pour l’organisation de la lutte, afin de ne pas passer, autant que cela dépend de nous, l’effort de la bourgeoisie de rallier des forces populaires autour de l’État, des institutions bourgeoises et du gouvernement.
Il faut devenir plus capables de montrer les grandes contradictions objectives qui apparaissent maintenant de manière plus intense dans le système capitaliste, concernant la gestion tant de la pandémie que de la crise économique ; de montrer comment s’augmentent les antagonismes et comment cette intensification est exprimée dans la région, avec la situation entre la Grèce et la Turquie, avec l’intervention et l’implication plus grandes de l’OTAN et des États-Unis, avec l’intensification des actes d’agression et les risques de l’implication aux concurrences impérialistes, même militaires et de guerre, dans notre région.
Il est clair comme le jour que le gouvernement de la ND utilise cette situation pour renforcer « un consensus social » et « l’unité nationale » faux. Dans cette direction était formée sa propagande pendant toute la période de l’isolement, mais aussi maintenant, comme l’a montré sa gestion communicative, avec l’effort de mener une fiesta à l’occasion des dix ans après la tragédie à « Marfin », où se sont tués des employés de la banque ; en même temps, les mêmes partis politiques qui ont gouverné pendant la dernière décennie (ND, PASOK, SYRIZA) n’ont rien fait pour révéler les responsables moraux et physiques de la tragédie, ainsi que les responsabilités de la banque et de leur État, qui ne reconnaît ni le droit de l’indemnisation aux familles des victimes.
En même temps, il n’abandonne pas l’effort de renforcer les mesures d’oppression, selon le cas, et cherche à faire accepter ces mesures comme des mesures sociales nécessaires. Ainsi, il n’est pas exclu qu’il apporte au Parlement le projet de loi sur les restrictions aux manifestations, afin de le faire voter, en utilisant l’argument de la « promiscuité ». Maintenant, il y a plus d’exemples pour montrer son hypocrisie et le caractère de classe de sa politique. Alors qu’il demande à la Commission « que l’isolement ou d’autres demandes disproportionnées ou suspensives n’existent pas » pour le tourisme, ne servant que les intérêts des grands hôteliers, en même temps, il empêchera les travailleurs dans les hôtels et dans les autres secteurs du tourisme et de la restauration de se mobiliser pour la protection de leurs droits et de leur revenu, en raison de la prétendue « promiscuité » des rassemblements !
En tout, il faut réaliser que nous sommes dans une période pendant laquelle les changements puissent être plus rapides et respectivement, les consciences puissent changer plus vite, soit dans une direction positive, progressive et subversive, soit dans une direction plus réactionnaire.
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Notre objectif essentiel est de renforcer, systématiser et rendre permanentes l’activité politique, la présence et l’intervention du Parti, partout. De faire ressortir le Parti comme l’instructeur et l’organisateur de la lutte populaire et ouvrière.
Un compagnon important et irremplaçable dans cet effort est le « Rizospastis », le portail « 902.gr », les annonces, les affiches, les banderoles, les médias électroniques et l’internet, l’information quotidienne, en mettant la marque chaque jour, en « donnant la ligne » de manière massive dans les lieux de travail, de Santé, d’Education, dans les lieux de résidence.
En même temps, avec un plan spécifique, il faut faire des milliers de réunions dans tout le pays, avec des amis du Parti et de la KNE, en donnant des réponses à des questions justifiées sur les développements, ainsi que pour appeler plusieurs à s’engager activement du côté du Parti.
Un débat et un travail spéciaux et spécifiques sont nécessaires, avec des gens qui ont voté le SYRIZA ou l’ont soutenu, au cours des années précédentes, en anticipant certains changements essentiels, ainsi qu’avec des gens qui ont suivi peut-être d’autres forces opportunistes ou nous suivaient de loin, dont plusieurs se sont exprimés de manière très positive sur les positions et la présence du Parti pendant cette période, beaucoup plus qu’avant.
Nous sommes toujours en veille, comme on prendra toujours plus de mesures contre les ouvriers, alors que le grand patronat a trouvé l’opportunité de se déchaîner, en réduisant des salaires, des droits des ouvriers, en promouvant des relations de travail flexibles, en même temps que les travailleurs ne sont pas payés et sont licenciés.
Nous accordons une importance particulière aux lieux où se rassemblent les jeunes, comme les écoles, les facultés, les centres sportifs, les places, les parques et les événements culturels, lorsqu’ils commencent en juin. Le gouvernement se prépare à présenter aussitôt le projet de loi réactionnaire anti-pédagogique au Parlement. Toute la communauté de l’éducation est déjà descendue dans la rue. Les enseignants, les élèves, les étudiants, les parents, doivent s’opposer unis, avec un grand NON au projet de loi.
Il ne suffit pas de cibler un ministre, mais de condamner globalement leur politique. Parce que Mme Kerameos sera tôt ou tard une ex-ministre, comme tant de ses prédécesseurs – personne n’est pour la vie ; mais tous ont les restructurations réactionnaires prêtes et chaque gouvernement bourgeois, alternativement pendant des années, apporte son propre grain de sable pour dévaloriser l’Education publique et gratuite, pour catégoriser les écoles, pour privatiser et commercialiser l’Education, comme d’autres services et biens sociaux, comme le secteur de la Santé, qui est aussi crucial.
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Un critère essentiel pour la plus grande efficacité de notre activité est dans quelle mesure nous réussirons, au niveau de l’instruction politique, à faire participer toutes les forces du Parti et de la KNE à la lutte, à ce qu’elles se trouvent dans la première ligne de la lutte, afin que les travailleurs ne paient pas de nouveau la charge de la crise.
Pour cela, il ne suffit pas d’avoir des directions et des slogans. Il faut spécialiser les objectifs et le contexte de la lutte, spécifier le plan dans chaque lieu, bien et correctement arranger des forces, élaborer un programme sur les secteurs essentiels que nous avons hiérarchisé et le contrôler.
Il faut bien travailler sur notre tactique pour faire face à l’effort de l’État et du gouvernement, sur les formes de lutte, ainsi que pour faire face aux autres forces sociale-démocrates, opportunistes et aventurières et des forces fascistes de l’extrême-droite, qui interviennent toutes et interviendront encore plus dans l’avenir proche. Tous, ensemble, essaieront, comme ils font toujours dans des moments cruciaux, de prendre l’avantage dans le mouvement populaire.
Après le 1er mai surtout, on a les premières indications, qui, dans une certaine mesure renvoient à la tactique de désorientation ancienne, une tactique de mélanger la provocation, des slogans superficiels, sans contenu substantiel, l’influence à l’instinct d’une opposition générale et de disponibilité à protester.
Nous devons avoir la flexibilité indispensable pour faire des interventions réussies, là aussi où des autres forces ont pris l’initiative, afin d’aiguiser la lutte par rapport au contenu. Des formes de lutte corporatistes, superficiellement originales, sur l’internet, et d’autres formes de lutte indolores, en ce qui concerne le contenu et la forme, se développent, surtout parmi les couches moyennes et les jeunes; comme celles faites par certaines groupes à quelques places, qui considéraient qu’elles pourraient réobtenir de cette façon leur prestige perdu, après une période longue de perplexité, sans poser la question de l’existence et de l’augmentation des espaces publiques, qui satisferont les besoins du peuple et des jeunes pendant leur temps libre, leur besoins de récréation, d’exercice physique, de repos. D’une coté, il y avait ces mouvements, et d’autre coté, il y avait les mécanismes de répression du gouvernement, en attente pour l’intensification de la répression de l’État.
Bien sur, tout ça n’est pas nécessairement truqué et planifié en avant, comme il semble parfois. Le Parti et la KNE ont la responsabilité de guider basés sur notre expérience et notre action, en conduisant des protestations spontanées ou même superficielles à l’organisation consciente, volontaire et massive de la lutte, à travers diverses formes de comités de lutte, de comités de coordination, de comités d’hygiène et de sécurité, d’organisation des protestations dans des secteurs, des lieux de travail, des quartiers.
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Nous voulons que les initiatives des communistes dans tous les domaines se basent sur des possibilités existantes, que des organisations multiples soient rassemblées et mobilisées pour des demandes qui ouvriront de nouvelles voies pour que de plus en plus de travailleurs se mobilisent et agissent.
Il y a des sujets importants, comme, par exemple, le revenu pour tous (allocation de chômage, subvention exceptionnelle pour les travailleurs indépendants, licenciements, chômage, droits ouvriers etc.); santé et bien-être pour tous, avec le renforcement du système de Santé publique, des Centres de Santé, des unités de soins de santé locales, le recrutement des infirmiers scolaires, la prise des mesures sanitaires dans les lieux de travail, le recrutement du personnel, la réquisition du secteur privé, l’ouverture des unités fermées etc.; la remise des dettes concernant l’électricité, l’eau, le téléphone pendant les mois de la quarantaine; non à la mise aux enchères de la résidence principale, de locaux commerciaux, de l’équipement de travail; non aux saisies bancaires, remise des dettes; des questions environnementales, comme le problème des décharges à l'ouest d'Athènes, etc.
Il faut que nous mettions en avant tout ces questions, pas de façon fragmentaire, mais dans le cadre de la lutte anticapitaliste-antimonopole, combinées directement à la revendication des mesures pour que la crise soit payée par le grand capital, pas par le peuple; en abolissant par exemple les divers exonérations fiscales des grands entrepreneurs, avec leur imposition plus grande et en exonérant les couches populaires, en refusant d’accepter et de payer la dette de l’État, qui n’était pas crée par le peuple, en se retirant des plans de l’OTAN qui coutent 4 billions d’euros chaque année etc. Ce sont des demandes qui conduisent à des ruptures partielles et plus globales, qui ouvrent la voie pour le désengagement de l’OTAN et de l’UE, afin que le peuple prenne le pouvoir et construise une société nouvelle, une société socialiste-communiste.
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Le peuple grec nous fait confiance, il apprécie la cohérence, la stabilité, le prestige, la responsabilité, l’organisation et la lutte du KKE. En suivant les développements, nous pouvons jouer un rôle de premier plan dans l’organisation des protestations, en profitant de l’expérience de la quarantaine qui a mis en évidence des initiatives d’intervention rapide, sous la direction centrale, mais aussi sous l’initiative locale ou sectorielle d’en bas.
Parce que nous savons que, comme les restrictions et les conditions extraordinaires et spéciales constituent des conditions préalables pour que les forces populaires plus larges se rallient temporairement derrière l'État et le gouvernement respectif au début, elles forment également des conditions préalables à une plus grande préparation et regroupement pour la ligne du Parti, une plus grande vigilance et ingéniosité dans les formes et les modes d'action et d'organisation de la lutte populaire au sein des forces de l'avant-garde révolutionnaire.
Mais tout ça n’est pas toujours stable et invariable, il y a constamment des changements. Lorsque la première période de perplexité et d’insécurité passe, les forces populaires se mettent à penser, à protester de plus en plus massivement, à chercher des manières d’expression de leur mécontentement contre l’État et le gouvernement qui impose des mesures qui réduisent constamment leur revenu, leurs droits en général.
Alors, dans cette période, l’action de l’avant-garde doit passer à un niveau supérieur, il ne doit pas s’affaiblir, tomber dans la piège de la routine. Les conditions de la légitimité bourgeoise au sens large et la reprise du rétablissement habituel des libertés bourgeoises individuelles, ainsi que la levée des restrictions impliquent un risque de complaisance et une plus grande préoccupation pour des questions personnelles, familiales ou professionnelles, ce qui est dans une certaine mesure justifié et compréhensible. Cependant, tout cela ne doit en aucun cas conduire à un relâchement des réflexes rapides et à la suspension ou au ralentissement de l'action des travailleurs, des intellectuels et des scientifiques pionniers, des femmes et des jeunes des couches populaires, des cadres et des membres du KKE et de la KNE.
Dimitris Koutsoumpas
Le SG de la CC de KKE
27/5/2020